Ail ou Oignon ?
Livre de la conteuse Muriel Bloch, illustré par Isabelle Raquin
Livre + Recette à découvrir !
Pour tous les gourmands, c'est un fait, marchand d'oignon s'y connait en ciboule.
Vous vous êtes sûrement questionné un jour : mais comment l'oignon arriva-t-il à la cour du roi d'Ecosse ?
Certains ont même pu se demander si le meilleur ail pouvait remplacer l'oignon ?
Aie aie aie !
Cette histoire inspirée de la tradition juive vous apportera la réponse tant attendue...
Les Éditions Le Jardin des Mots, Collection "Les Gourmands", 2021
ISBN : 979-1-0928551-9-7 / 38 pages
Pour feuilleter quelques pages, cliquez ci-dessous
Critiques élogieuses de l'ouvrage ...
"(...) L'adaptation gagne en concision, et laisse place à l'illustration qui cuisine aussi l'histoire d'une manière savoureusement drôle.
Les personnages sont croqués avec humour ; l'ail et l'oignon, mis en valeur, investissent les costumes et papiers peints des écossais conquis. (...)."
Centre National de la Littérature pour la Jeunesse - 2022
Dédié à l’art du conte, le Jardin des mots valorise le savoir-dire des conteurs dans leur rôle de passeurs d’histoires et de mémoire. Ainsi, Muriel Bloch se réapproprie ici un conte d’origine juive.
Du temps où les écossais ignoraient ce qui donne du goût au « stew », en Pologne dans un shtetl vivait Tsibele. Il rêvait toutes les nuits qu’« il ferait fortune grâce à l’oignon qui n’existe pas là-bas. » Faut-il croire à ses rêves, nous dit le conte, faut-il oser les réaliser ? Oui pense le héros.
Son audace est sensible lorsque l’illustration d’Isabelle Raquin nous le montre avec sa petite charrette traverser l’Europe, et même la Mer du Nord (à pieds !), pour atteindre l’Ecosse. La rencontre entre l’univers de Tsibele et le royaume d’Ecosse est savoureuse. Dans un château un peu féodal, le roi avec son kilt, ses chaussettes à pompons et sa petite couronne est partagé entre tentation gourmande et méfiance, c’est peut-être un poison.
L’auditeur/lecteur est sous le charme, amusé par la royale découverte de l’oignon qui nous semble si banal et par la conséquence heureuse pour Tsibele, qui retourne chez lui chargé d’or. Aller à pieds, retour à cheval, la richesse et la gloire !
Et donc l’envie ! Celle qu’éprouve Schmendrik qui, lui, cultive l’ail. Fondé sur la modalité de répétition déceptive, le conte reprend les mêmes éléments. Schmendrik prend la route à son tour. Même arrivée méfiante, même intérêt ravi du roi, mais évidemment la chute n’est pas celle attendue… La conteuse narratrice souligne la cruauté de la situation « je vous laisse imaginer la tête de Scmendrik lorsqu’il entreprit son long voyage de retour... »
Texte et images sont dans une totale relation de complicité, Isabelle Raquin excelle dans la création de l’atmosphère : son village juif refermé sur lui-même installe le décor, ses « bonhommes » à la fois rêveurs et un peu ridicules sont touchants dans leurs espoirs. Elle transforme la banalité de l’ail ou de l’oignon en valeur et le kilt royal orné d’oignons est la preuve de son importance.
Cette complicité joyeuse donne tout son sel à cette histoire populaire où sont associés les contraires, entre peuple et grands de ce monde, petites gens porteurs de rêve, de saveurs et royauté pourvoyeuse selon son bon vouloir. Au bout du conte, reste une petite musique douce-amère sur le sort inégal de Tsibele et Schmendrik.
Pour un petit plaisir supplémentaire, on goûtera la savoureuse recette de Latkes (galettes de pommes de terre) présentée en fin d'album et racontée par Daniel Kenigsberg.
Ricochet, Institut Suisse Jeunesse et Média - 2022